Dans une lettre publiée le 29 avril 2025, intitulée « Lettre patriotique pour un changement de cap », le président du parti Les Transformateurs, Succès Masra, s’adresse directement au Maréchal Mahamat Idriss Deby Itno. Dans un ton à la fois solennel, ferme et bienveillant, il revient sur les engagements pris dans le cadre de l’Accord Toumaï pour la stabilité et le développement, signé à Yaoundé le 21 octobre 2023, qu’il qualifie de fondement de tout le processus de réconciliation.

L’accord oublié ?

Contrairement à ce que certains semblent ignorer ou minimiser, Succès Masra rappelle que l’Accord de Kinshasa n’est que le prolongement politique de l’Accord Toumaï, bien plus global et contraignant. Sans ce dernier, il n’y aurait pas eu de retour au pays, encore moins de participation à la transition.

Il insiste : aucune clause secrète, aucun calcul personnel. Son retour au pays en janvier 2024 n’était dicté ni par un poste, ni par une ambition individuelle, mais par une volonté profonde de contribuer à un avenir meilleur pour le Tchad. « J’étais prêt à rentrer avec ou sans accord », rappelle-t-il, balayant les insinuations d’opportunisme.

Un cap à redéfinir, une échéance claire

La lettre fixe une date symbolique : le 7 mai 2025, anniversaire de la marche du peuple pour le changement. C’est, selon lui, le moment de vérité. Il appelle le chef de l’État à initier des mesures concrètes et un changement d’attitude, au service du peuple. Loin d’un discours de rupture, la lettre propose un sursaut national, un recentrage sur les engagements pris ensemble.

Une opposition qui assume, pas qui quémande

À ceux qui l’accusent à demi-mot de revendiquer un poste, Masra répond par les principes : l’opposition est une fonction noble, pas une salle d’attente pour entrer au gouvernement. Ce qu’il réclame, ce n’est pas un strapontin, mais le respect de la parole donnée. Dans sa vision, la démocratie exige alternance, cohérence et fidélité aux aspirations populaires.

Le message derrière le message

Le ton est posé, mais le fond est clair : la patience a des limites. Le peuple tchadien, fatigué des promesses non tenues et des pratiques politiques opaques, attend du concret. Masra met la balle dans le camp du pouvoir. Et il avertit : Les Transformateurs ne passeront pas à autre chose tant que le changement ne sera pas au rendez-vous.

Changement ou continuité ?

Alors que certains dans les cercles du pouvoir tentent de décrédibiliser la démarche, d’autres y voient un acte de maturité politique. La lettre ne cherche pas le clash, elle tend la main, mais avec exigence. Un dernier appel, peut-être, avant la confrontation politique.