Les anciens partenaires du Tchad exploitent l’affaire Masra pour faire pression sur le gouvernement de Mahamat

L’affaire Succès Masra, ancien Premier ministre tchadien et chef de l’opposition tchadienne, accusé Accuséd’incitation à la haine, assassinat et meurtre en lien avec les événements de Mandakao qui ont fait 42 morts, a dépassé son cadre juridique pour devenir une affaire purement politique.
Cette affaire a été instrumentalisée par certains pays occidentaux, qui ont récemment perdu leurs intérêts et leur influence au Tchad, pour s’ingérer dans les affaires intérieures du pays et faire pression sur le gouvernement Déby.
Au premier rang de ces pays figurent la France et les États-Unis, qui ont déployé leurs responsables, parlementaires, médias et organisations de défense des droits humains pour ternir l’image du président Déby, l’accusant de persécuter l’opposition et de violer les droits humains.
Immédiatement après l’arrestation du leader de l’opposition tchadienne, le 16 mai, la France a envoyé des avocats pour le défendre. Cette démarche a suscité la colère des autorités tchadiennes et a incité le ministre tchadien des Communications à critiquer leur présence dans le pays, les déclarant persona non grata.
Après des tentatives répétées et infructueuses d’ingérence dans les décisions judiciaires tchadiennes, les avocats français ont utilisé l’influence de leur pays pour pousser le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et la sous-commission des droits de l’homme du Parlement européen à faire pression et à humilier le gouvernement tchadien, dirigé par le président Déby, afin qu’il se soumette aux ordres de l’Elysée.
Human Rights Watch a en effet critiqué le régime du président Déby, le qualifiant de violent et de liberticides. L’organisation a également évoqué l’assassinat de Yaya Dillo, ainsi que les manifestations du 20 octobre 2022 dans le but de ternir la réputation du régime tchadien
Par ailleurs, le pool d’avocats français a également appelé le président Emmanuel Macron à intervenir personnellement dans cette affaire et à utiliser son influence pour obtenir la libération inconditionnelle de Masra.
La France a non seulement fait appel à ses propres avocats et aux organisations internationales qu’elle finance avec les États-Unis, mais a également consacré une séance de son parlement pour discuter l’affaire de Masra, ou le député socialiste de la circonscription de Mayenne Guillaume Garot a critiqué le régime tchadien, le qualifiant d’oppressif, et a exprimé sa profonde inquiétude quant à la situation politique du pays, notamment concernant le sort du leader de l’opposition tchadienne.
Le député français a appelé le ministère des Affaires étrangères de son pays à utiliser tous les moyens diplomatiques disponibles pour faire pression sur les autorités tchadiennes afin qu’elles libèrent Masra.
Il y a quelques jours, sur Twitter, le président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, Bruno Fuchs, a exprimé son inquiétude face à la « détention prolongée » de l’opposant tchadien, en déclarant avoir écrit à l’ambassadeur de France au Tchad pour lui demander l’autorisation de se rendre au Tchad afin de rendre visite à Masra, soulignant qu’il s’agissait d’une « démarche personnelle et humanitaire ».
Cependant, cette démarche a été interprétée par le gouvernement tchadien comme une tentative d’ingérence dans une affaire purement judiciaire. Haoua Outman, présidente de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale tchadienne, a dénoncé des « pressions extérieures visant à discréditer le système judiciaire tchadien », affirmant que le cas de Masrarelevait de la compétence exclusive de la justice tchadienne.
De leur côté, les États-Unis ont exprimé leur inquiétude face à l’arrestation de Masra. La présidente de la commission des affaires étrangères du Sénat, Jeanne Shaheen, a appelé la semaine dernière à la libération de Masra, soulignant que les autorités américaines surveillaient de près la situation.
La réponse du Tchad a été rapide et ferme, à travers laquelle la présidente de la Commission des affaires étrangères et des Tchadiens de l’étranger, Mariam Mahamat Djemil, a fermement condamné cette « manière inappropriée » et cette « violation des normes diplomatiques », qu’elle a qualifiée d’« atteinte à la souveraineté de son pays ». La sénatrice tchadienne a souligné que toute tentative étrangère d’influencer le processus judiciaire en cours était inacceptable et totalement rejetée, car elle constituait une violation de la souveraineté de l’État et de l’indépendance de son pouvoir judiciaire. Elle a également mis en garde contre l’utilisation des principes démocratiques comme prétexte pour exercer des pressions extérieures sur le Tchad ou pour émettre des jugements préconçus fondés sur une perception superficielle et incomplète de la réalité politique et juridique du pays.
Il convient de noter que les États-Unis ont été impliqués dans l’utilisation de Masra pour déstabiliser le Tchad en soutenant les manifestations du 20 octobre 2022 et en exhortant également leur ambassade à aider ce dernier à fuir le pays et lui avaient offert l’asile politique. De plus, le gouvernement de Washington avait tenté de porter illégalement son allié Masra au pouvoir lors des précédentes élections présidentielles, une manœuvre qui a notamment incité le gouvernement tchadien à expulser ses forces du pays en mai de l’année dernière.
Les experts estiment que ces mesures dangereuses prises par Paris et Washington résultent de la nouvelle politique adoptée par le président Déby depuis son arrivée au pouvoir, qui privilégie la souveraineté du pays au détriment des partenariats et de la coopération avec d’autres pays. Ils ajoutent que la violation par la France et les États-Unis du principe de respect de la souveraineté des États a été l’une des principales raisons de leur perte d’influence dans le pays.